Point lecture: Glacé de Bernard Minier.
Bonjour, Bonjour,
J'espère que vous allez merveilleusement bien. C'est un point lecture très froid et gelé que je vous propose aujourd'hui. Préparez la boisson chaude, la bouillotte et la couverture pilou pilou, c'est parti (brrrr !!).
Je viens tout juste de terminer le premier roman de Bernard Minier, Glacé, sorti en 2011, très grand succès en librairie, il a été récompensé à maintes reprises par de nombreux prix littéraires dont le prix du Polar du Festival de Cognac (s'il vous plaît).
- Résumé -
L'histoire débute dans une vallée encaissée des Pyrénéens, au petit matin dans les hauteurs d'une centrale hydroélectrique. On y découvre le corps décapité et dépecé d'un cheval, accroché à une falaise à plus de 2000m d'altitude. Le commandant Martin Servaz, personnage solitaire, la quarantaine, mal ancré dans la société actuelle, est dépêché sur place pour enquêter. Pourquoi faire venir la criminelle pour le meurtre d'un cheval ? Cet animal n'appartient pas à n'importe qui, il s'agit de Freedom, un jeune étalon, propriété d'Eric Lombard, héritier d'une dynastie de financiers, de capitaines d'industries et d'entrepreneurs. L'affaire s'annonce délicate, personne n'a rien vu, pas même les vigiles chargés de la sécurité de la centrale. Servaz s'entoure alors de son second, Vincent Esperandieu, du Capitaine Irène Ziegler, et de la jeune flic Samira Cheung. Tout les quatre vont devoir faire face à l'enquête la plus bizarre de leur carrière. Fait troublant, de l'ADN humain va être retrouvé sur la dépouille de cette pauvre bête. L'ADN d'un homme extrêmement dangereux, arrêté quelques mois plus tôt, le serial Killer Julian Hirtmann, qui purge sa peine dans un hôpital psychiatrique, l'Institut Wargnier, hôpital de haute sécurité où sont enfermés les plus grand psychopathes et schizophrènes d'Europe.
Au même moment, la suissesse Diane Berg, fraîchement diplômée en psychologie s'apprête à faire ses premiers pas en tant que psychologue à l'Institut Wargnier. Elle est très loin de s'imaginer l'univers dans lequel elle va être immergée, de plein fouet, elle va cotoyer des fous, mais pas nécessairement ceux auxquels elle croit.
- Ce que j'en pense -
C'est à croire que les paysages enneigés, glacés et les hôpitaux psychiatriques font travailler au plus haut point l'imagination fertile des auteurs (cf: Puzzle de Franck Thilliez). C'est un vrai terrain de jeu et c'est le cas ici. Bernard Minier tricote tranquillement son polar grâce à deux histoires parallèles: celle de Servaz et de son équipe, et celle de la jeune psychologue Diane Berg. Même si les deux histoires semblent au départ indépendantes l'une de l'autre, l'auteur choisit de les alterner à des moments cruciaux pour ainsi permettre au lecteur de faire sa propre analyse, sa propre enquête, sauf que ... c'est peine perdue, l'auteur nous ballade. A dévorer mon livre j'ai été essoufflé par certains passages, et pensant pouvoir me poser un peu l'esprit, j'ai été surprise par certains rebondissements (du genre "Naaaaaan pas posssiiiiibleuh !!").
Beaucoup de personnages s'entremêlent, voir s'entrechoquent. Les crimes s'accentuent. D'ailleurs comment les résoudre? On croit tenir une piste et elle nous échappe. Comment comprendre ces crimes? Comment les envisager? Quelles sont les motivations du ou des assassins? Quel est le but de ces meurtres? Vengeance? Folie meurtrière? la réponse se trouve-t'elle derrière les murs de l'institut wargnier? ou dans la vallée? Bref beaucoup de questions auxquelles les enquêteurs doivent faire face...
- Minier inspiré par les grands classiques du genre ? -
Au fil de ma lecture et à chaque fois que je lis un polar j'ai tendance à faire des comparaisons avec d'autres références littéraires ou cinématographiques.
|Les rivières pourpres - Jean-Christophe Grangé|
Comment ne pas penser aux Rivières Pourpres. Les décors sont similaires, ces grands décors de montagnes aux cimes enneigées, ces tempêtes de neige, cette glace, ce froid, cette vallée énigmatique. Tout cela renforce un peu plus cette impression de huis-clos, d'étouffements et de voie sans issue. Le meurtre du cheval retrouvé à 2000 m d'altitude n'est pas sans rappeler celui de Rémy Caillois des Rivières Pourpres, où il est retrouvé nu, pendu et encastré dans une falaise.
|Le Silence des Agneaux|
Cette scène du livre où la jeune Diane Berg, qui mène sa propre enquête à l'intérieur même de l'institut, se retrouve confrontée au psychopathe Julian Hirtmann, la référence est évidente pour moi et me rappelle fortement la scène entre Hannibal Lecter et la jeune psychiatre Clarice Starling. Dans cette scène on ressent une grande tension, Diane est en recherche de réponses et elle ne peut les obtenir qu'en interrogeant ce prédateur. C'est pour lui une partie de plaisir et il ne va pas hésiter à la tester en la déstabilisant, en la fragilisant et en la forçant à sortir de sa zone de confort. De même Julian Hirtmann est un grand adepte de musique classique, comme Hannibal Lecter ...
Bien d'autres références peuvent s'appliquer (Shutter Island, Gothika, etc.). Je vous laisse juge en vous suggérant très fortement cette lecture, surtout si vous aimez les thrillers un peu dérangés. Bernard Minier ne s'est pas arrêté en si bon chemin puisqu'il a confié une seconde enquête à son personnage "star" Servaz dans son second roman intitulé Le Cercle et parut en 2012.
Paraît-il que Glacé ferait l'objet d'une adaptation cinématographique ou télévisuelle. Si vous avez plus d'infos je suis preneuse.
En attendant bonne lecture,
Titre: Glacé
Auteur: Bernard Minier
Editeur: Pocket
Publication: mai 2012 (pour la version poche)
Pages: 720 p.
Prix: 8€50.
ISBN: 978-2-266-21997-6.